• La liberté

    Séquence 12 – La liberté<o:p></o:p>

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    D’après la conception commune de la liberté être libre c’est faire ce que l’on veut quand on veut et comme on veut sans contraintes ni limites.

    Cette liberté illimitée sans règles c’est la licence.

    La véritable liberté n’admet-elle pas toujours des obstacles des limites, ne se nourrit-elle pas de la contrainte.

    De plus l’homme ne se leurre-t-il pas lorsqu’il prétend que sa liberté est absolue en effet toutes ces pensées tous ces comportements ne sont-ils pas déterminés. Par suite faut-il penser une incompatibilité entre liberté et déterminisme ou bien une conciliation pouvant rendre possible l’idée d’une responsabilité proprement humaine.

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    I)            Liberté et déterminisme<o:p></o:p>

    Si nous avons le sentiment de notre liberté et si nous agissons comme si nous étions libre, le sommes-nous réellement. Ne sommes-nous pas déterminée à agir à notre insu.

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    A) L’illusion de la liberté<o:p></o:p>

    1)  Des déterminismes cachés ou latents<o:p></o:p>

    Les sciences humaines en s’efforçant de comprendre l’homme ont considérablement réduit la liberté du sujet volontaire.

    La sociologie a montré que les comportements humains sont déterminés par des processus socioéconomiques (le matérialisme historique de Marx).

    De plus la psychanalyse a avancé que le sujet conscient qui revendique la liberté est profondément déterminé par les mécanismes de son inconscient (Freud).

    Enfin la linguistique a montré que les pensées du sujet étaient dépendantes de sa langue.

    Pour Saussure le langage constitue un système de signes. Le signe est constitué du concept (ou signifié) et de l’image acoustique (ou son/ signifiant).

    Le langage a un caractère culturel, il est déterminé par une communauté linguistique.

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    2)  Le déterminisme universel en question<o:p></o:p>

    Dans la philosophie classique (17ème / 18ème siècle) on considérait que tous les phénomènes de l’univers obéissait à des lois universelles et immuables. Donc Laplace a énoncé le principe du déterminisme universel (idée de prévisibilité du futur et de nécessité). Spinoza considère que l’homme est pris dans le déterminisme universel de l’univers. L’homme n’est pas un empire au sens où il fait partie de la nature et est animé comme toute les choses de la nature par le conatus. Or l’homme n’a pas conscience de toute les déterminations qui le poussent à agir « les hommes se trompent en ce qu’il se croit libre, et cette opinion consiste en cela seul qu’ils ont conscience de leur actions et sont ignorant des causes par où ils sont déterminés ; ce qui constitue donc leur idée de la liberté, c’est qu’ils ne connaissent aucune cause de leur action » (Spinoza)

    Pour Spinoza, le libre arbitre n’est qu’une illusion. La raison permet à l’homme de se libérer du déterminisme par la connaissance de nos passions, de nos affects.

    Il rejoint la philosophie stoïcienne qui considérer la véritable liberté comme l’acceptation de la nécessité de ce qui ne dépend pas de nous. Pour les stoïciens, la liberté est la puissance d’agir par soi-même au niveau de la pensée, des jugements.

    La liberté est liée à la sérénité à la paix de l’âme.

    D’où le conseil d’Épictète à son disciple « ne demande point que les choses arrivent comme tu le désires, mais désire qu’elles arrivent comme elles arrive alors tu prospéreras. »

    La sagesse suppose l’acceptation du fatum.

    La nécessité n’est pas contraire à la liberté car la connaissance de la nécessité à l’œuvre dans ses déterminations peut accroitre notre liberté

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    B) La critique kantienne du déterminisme<o:p></o:p>

    1)  L’articulation du monde phénoménal au monde nouménal<o:p></o:p>

    Kant dépasse l’apparente contradiction entre l’affirmation de la liberté humaine et le déterminisme de l’univers en distinguant deux mondes :

    Le monde phénoménal désigne le monde tel qu’il nous apparaît sous les formes de l’espace et du temps. Ce monde phénoménal est soumis au déterminisme et à l’empirisme mais il ne constitue pas le réel en soi.

    Le monde nouménal nous reste inconnu car il est de l’ordre de la métaphysique, nous ne pouvons donc affirmer que le déterminisme y  règne également.

    La liberté est de nature nouménale.

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    2)  La liberté comme postulat de la raison pratique<o:p></o:p>

    Kant distingue le domaine de la science du domaine de la morale. L’homme permet d’articuler le monde phénoménal au monde nouménal en exerçant sa raison car il se constitue comme sujet moral en exerçant sa raison

    C’est sa raison pratique qui lui permet d’énoncer des postulats (la liberté, l’immortalité de l’âme, l’existence de dieu)

    Ces postulats sont des idées régulatrices de la raison.

    La raison est la faculté supérieure par rapport à l’entendement, la sensibilité, la raison.

    La liberté est au delà de l’expérience empirique elle ne peut pas donc pas être démontrer c’est à ce titre qu’elle constitue un postulat.

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    II)         La liberté, la morale et la politique<o:p></o:p>

    A) Liberté et morale<o:p></o:p>

    1)  L’autonomie : fondement du devoir<o:p></o:p>

    Selon Kant « la morale est la doctrine qui nous enseigne […] comment nous devons nous rendre digne du bonheur »

    C’est la vertu qui engendre le bonheur. Or la vertu c’est la conformité complète des intentions à la loi morale.

    La loi morale ne force pas, ne contraint pas elle oblige, elle implique donc notre libre consentement.

    C’est en ce sens que le devoir est un impératif catégorique car il formule un commandement auquel la volonté se soumet pour être moralement bonne. L’impératif catégorique ordonne de façon absolue tandis que l’impératif hypothétique ordonne sous conditions (il édicte des conseils de prudence).

    Donc l’action par devoir suppose l’accomplissement d’un acte dont la maxime peut-être considérer sans contradiction comme une loi universelle et non l’accomplir que par respect pour cette loi.

    Agir par devoir c’est être autonome ne pas dépendre des désirs des impulsions naturelles.

    Au contraire l’être hétéronome désigne l’individu soumis à un passage ou asservi à une contrainte extérieure qui lui imposée.

    Par opposition « l’autonomie de la volonté est le principe unique de toute les lois morales qui sont conformes » (Kant)

    L’homme doté d’une volonté libre peut se constituer comme sujet responsable. Comme l’affirmait Rousseau « c’est ôté toute moralité à ces actions que d’ôter toute liberté à sa volonté »

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    2)  Les deux niveaux de liberté selon Descartes<o:p></o:p>

    La volonté humaine est infinie selon Descartes elle est la trace de Dieu tandis que l’entendement est fini.

    À la suite des stoïciens, Descartes considère que l’Homme maitrise toutes ses pensées ces désirs, ses passions, il est de responsable de ses erreurs. La liberté se définit comme l’absence de contrainte. La liberté s’éprouve se ressent dans une expérience intérieure immédiate. La liberté d’indifférence constitue le plus bas degré de la liberté car elle est le fruit de la pensée obscure.

    La liberté éclairée par la connaissance du bien et du mal.

    Il y a deux de se situer au plus haut degré de la liberté : « prendre le parti où nous voyons le plus de bien » soit « prendre le parti contraire [c’est-à-dire] suivre le pire tout en voyant le meilleur »

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    3)  La liberté comme conscience de notre responsabilité radicale : Sartre<o:p></o:p>

    Puisque le monde est absurde c’est à l’homme de lui donner un sens ou en se servant de sa conscience (pour soi). L’homme consistue un projet de la naissance à la mort. Il est toujours libre de choisir sa réaction par rapport à des circonstances extérieures. Sartre affirme de façon paradoxale : « jamais nous avons été plus libre que sous l’occupation allemande » car la critique de l’Homme sous l’occupation allemande ne permet que deux choix : collaborer ou résister. On peut parler d’une liberté en situation dans le sens où elle s’actualise dans le sens d’une expérience concrète. De plus le rapport à autrui s’avère conflictuel.

    Il faut toujours persévérer l’intérêt particulier en essayant de le concilier avec l’intérêt général.

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    B) Liberté et politique<o:p></o:p>

    1)  La critique platonicienne de la tyrannie<o:p></o:p>

    Le tyran est critiqué par Platon car il est soumis et il gouverne par ses caprices immédiats sans tenir compte de l’intérêt commun. Le tyran n’hésite pas de faire usage de la violence, de la démagogie, de la rhétorique pour conserver le pouvoir. Or le véritable gouvernement n’est point fait pour chercher de son propre intérêt mais celui du sujet gouverné.

    Platon décrit la décadence qui peut conduire du gouvernement le plus juste (aristocratie) au gouvernement le plus injuste (la tyrannie).

    Il décrit cinq stades dans cette décadence :

    Aristocratie

    Meilleur gouvernement fondé sur les philosophes rois

    Timocratie

    Gouvernement fondé sur la volonté, le courage, l’honneur, la discipline

    Oligarchie

    Gouvernement fondé sur l’amour de la richesse et de l’honneur

    Démocratie

    Gouvernement où le peuple peut être développé par le pouvoir de l’incompétence

    Tyrannie

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    2)  Liberté naturelle et liberté civile : la nécessité du contrat social (Rousseau)<o:p></o:p>

    Pour Rousseau il est nécessaire de conclure un pacte pour sceller des contractants en une volonté générale. Le rôle du corps politique c’est de contraindre l’Homme politique à la volonté générale c’est-à-dire agir comme citoyen. L’homme seulement qui est soumis à une œuvre particulière est soumis à ses passions.

    Seule la volonté générale est politique et public permet de limiter en droit la liberté civile. De plus la volonté générale est ce qui fixe une borne au pouvoir souverain. La volonté générale a un rôle régulateur ; elle est l’expérience du pouvoir législatif limitant l’exécutif.

    Comme l’affirmait Montesquieu « pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que le pouvoir arrête le pouvoir »

    Le pouvoir législatif est chargé d’élaborer les lois.

    Le pouvoir exécutif ou gouvernement est chargé de veille à l’exécution de la loi et à l’administration de l’état.

    Le pouvoir judiciaire est chargé de rendre la justice.

    La séparation entre ces trois pouvoirs permet d’éviter le despotisme qui représente selon Montesquieu le mal absolu.

    Pour Montesquieu la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent.

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    III)      Conclusion<o:p></o:p>

    Les contraintes sociales et morales constitutive de toute société, bien loin d’être une entrave à la liberté, sont plutôt une ressource au sens où on peut les comprendre comme ce dont la liberté se nourrit. Par conséquent la liberté n’est pas un donné immédiat mais quelque chose à construire, à mériter et à cultiver (cf. lutte contre l’esclavage, revalorisation des droits de l’Homme …)


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