• La religion

    Séquence 6

    La religion<o:p></o:p>

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    La religion est un phénomène humain universel. L’Homme cherche à comprendre le sens de son existence de sa finitude et se pose des questions métaphysiques.<o:p></o:p>

    Quel est le rapport entre la religion et la raison ?<o:p></o:p>

    Peut-on être à la fois philosophe et religieux, scientifique et croyant ?<o:p></o:p>

    En outre la croyance religieuse doit-elle s’appuyer sur un savoir (une révélation, une tradition d’interprétation des textes) ou bien le croyant peut-il établir une forme directe de lien à Dieu.<o:p></o:p>

    Enfin la religion ne peut-elle pas être considéré comme une aliénation pour l’Homme ?<o:p></o:p>

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    I)            Le sens du sacré et du religieux<o:p></o:p>

    A) L’étymologie incertaine du mot « religion » <o:p></o:p>

    Religion vient du latin religion (croyance, culte, sentiment) et provient soit de relegere (recueillir, rassembler, relire avec soin) Cicéron définit la religion comme « ce qui prend soin du divin et le recueille » soit du reliagare (relier, rattacher) Lactance définit la religion comme ce qui relie les Hommes à une ou des puissances divines (lien vertical) mais c’est aussi ce qui relie les Hommes entre eux en leur donnant une culture commune.<o:p></o:p>

    Plus généralement on peut définir la religion comme un ensemble de croyance de récit, de pratique et de tradition définissant un certain rapport de l’Homme avec le sacré.<o:p></o:p>

    Une religion est différente que l’athéisme (absence de religion) et est différente que l’agnosticisme (pas d’opinion)<o:p></o:p>

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    B) Le sacré et le profane<o:p></o:p>

    Du latin profanus qui signifie celui qui n’est pas consacré, est à la religion, devant le temple)<o:p></o:p>

    Le profane se définit en opposition à la notion du sacré.<o:p></o:p>

    Du latin sacer qui signifie ce qui est séparé des choses profanes, ordinaires, par des interdictions rituels. Durkheim dit « les choses sacrés sont celles que les interdits protègent et isolent »<o:p></o:p>

    Le sacré est ce qui correspond à la religion et au culte et qui est l’objet à la fois de vénération et de crainte car le sacré incarne le mystère de l’inconnaissable.<o:p></o:p>

    Le sacré s’oppose au profane auquel pourtant il donne sens et force car le sacré constitue une vision organisée et globalisante du monde permettant à l’Homme de se situer de façon significative.<o:p></o:p>

    On peut opposer le sacré au profane comme la transcendance s’oppose à l’immanence et comme le domaine du divin s’oppose à celui de l’humain.<o:p></o:p>

    Selon Rudolf Otto le sacré suscite un sentiment d’effroi mais aussi d’émerveillement de l’Homme devant le monde. Le sacré constitue une expérience spontanée individuelle et collective de notre présence au monde. Néanmoins on peut se demander si le rapport collectif au sacré suppose nécessairement la médiation de l’Église (ekklesia en grec qui veut dire assemblée)<o:p></o:p>

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    C)  Religion naturelle et religion révélée<o:p></o:p>

    La religion révélée comme le christianisme, l’islam ou le judaïsme suppose la médiation d’un témoignage, la transmission d’un enseignement par des textes sacrés. Par opposition à la religion naturelle et la connaissance de Dieu de façon directe, par la conscience ou la raison (religion des philosophes). <o:p></o:p>

    Dans la religion naturelle on distingue le théisme du déisme :<o:p></o:p>

    - le déisme est la doctrine qui rejette les dogmes révélés en admettant l’existence d’un être suprême dont les attributs sont inconnaissables.<o:p></o:p>

    Voltaire critique le fanatisme, le dogmatisme, il prône un retour à la religion naturelle qui a pour seule culture l’adoration intérieure de Dieu et la soumission à la morale. Il revendique le développement de la raison de l’esprit critique : « il n’y a pas d’autres remèdes à cette maladie épidémique [le fanatisme] que l’esprit philosophique ».<o:p></o:p>

    - le théisme revendiqué par Rousseau admet l’existence d’un dieu unique, cause transcendante du monde dont on peut connaître la nature par la conscience.<o:p></o:p>

    Enfin il est possible d’adopter une position fidéiste (du latin fides), Pascal dit « c’est le cœur qui sent dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison »<o:p></o:p>

    En bref, il est possible d’aborder la religion par le voie de l’intériorité en s’appuyant sur la raison, la conscience ou le cœur. Cette voie comprend un caractère universel. Mais il est aussi possible d’analyser de l’extérieur la religion en expliquant le fait religieux de façon sociologique (Durkheim) ou en cherchant à comprendre les représentations collectives liées à l’inconscient (philosophes du soupçon)<o:p></o:p>

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    II)         L’analyse objective et la critique du fait religieux<o:p></o:p>

    A) La religion comme réalité sociale : Durkheim <o:p></o:p>

    Durkheim énonce le principe méthodologique qui doit gouverné le travail du sociologue : « les faits sociaux doivent être traités comme des choses »<o:p></o:p>

    Une chose est « ce qu’on connaît du dehors […] par voie d’observation et d’expérimentation »<o:p></o:p>

    Une idée est « ce que l’on connaît du dedans par un acte d’invitation ou de sympathie »<o:p></o:p>

    Le sociologue devra considérer la diversité des croyances  et des rites comme des faits observables du dehors en se demandant quel est le dénominateur commun à toutes les religions.<o:p></o:p>

    Il se situe dans une problématique évolutionniste en recherchant les forces élémentaires de la vie religieuse dans les sociétés simples comme les tribus.<o:p></o:p>

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    a)  Comment se manifeste le phénomène religieux<o:p></o:p>

    Le fait religieux apparaît toujours sous forme de croyance et de rites, c’est-à-dire de représentations collectives. Il y a un lien intrinsèque entre la croyance (aspect mental) et le rite (aspect pratique)<o:p></o:p>

    Pour Durkheim les rites peuvent avoir plusieurs fonctions :<o:p></o:p>

    - une fonction commémorative qui permet de rattacher le groupe à son passé mythique<o:p></o:p>

    - une fonction expiatoire et cathartique qui permet de conjurer les sorts et de purger les passions.<o:p></o:p>

    Durkheim définit la religion comme « une chose éminemment collective »<o:p></o:p>

    « une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’es-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église tous ceux qui y adhèrent »<o:p></o:p>

    on peut distinguer la religion de la magie : la magie est une forme dérivée de la religion elle n’a pas d’Église et ses pratiques marginalise l’individu.<o:p></o:p>

    La magie peut se rapprocher de l’irrationnel et du surnaturel et peut être opposé à la science.<o:p></o:p>

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    b)  Pourquoi le phénomène religieux ?<o:p></o:p>

    Les représentations religieuses sont des figurations symboliques de la collectivité elle-même et les pratiques rituelles en sont les modes d’action : la religion constitue la médiation par laquelle la société se lie à elle-même. La religion est « une expression raccourcie de la vie collective toute entière. L’idée de la société est l’âme de la religion » (Durkheim)<o:p></o:p>

    Les croyances assurent l’intégration des individus aux idéaux collectifs tandis que les rites renforce les liens, les valeurs, et les sentiments communs.<o:p></o:p>

    Ainsi la religion constitue une forme de conscience collective. On peut alors se demander quels sont les mécanismes psychologiques et sociaux inconscient producteurs de religion.<o:p></o:p>

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    B) La religion « soupçonnée » d’aliénation<o:p></o:p>

    a)  La religion comme narcotique (Marx)<o:p></o:p>

    Marx considère que la religion est : « l’opium du peuple », elle console les Hommes de leur misères présentes en leur faisant espérer un au-delà meilleur mais cette espérance ne guérit pas la misère elle ma masque comme une drogue qui endort un malade.<o:p></o:p>

    La religion a une fonction sociale et un fondement anthropologique (l’Homme fait la religion)<o:p></o:p>

    Marx a été influencé par Feuerbach qui considère que « Dieu est le miroir de l’Homme »<o:p></o:p>

    Selon Marx : « le religieux n’est que le reflet du monde réel »<o:p></o:p>

    La critique marxiste de la religion débouche sur la pratique communiste pour supprimer les inégalités sociales.<o:p></o:p>

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    b)  La religion comme perversion (Nietzsche) <o:p></o:p>

    Nietzsche critique la morale judéo-chrétienne qui véhicule des valeurs négatives décadentes de culpabilité de mauvaise conscience. C’est la volonté de puissance qui se trouve atteint de perversion. L’Homme se compare à cet être parfait et ne voit plus que ces défauts. Il doit payer ses dettes par des sacrifices pour délivrer l’humanité de cette aliénation, il faut proclamer la mort symbolique de Dieu.<o:p></o:p>

    « Dieu est mort ! Dieu est mort et c’est nous qui l’avons tué »<o:p></o:p>

    Il s’agit d’en fini avec un personnage mythique source de remords, de ressentiments pour l’Homme. Il n’y a pas d’arrière monde, il faut assumer la vie pleinement. <o:p></o:p>

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    c)   La religion comme illusion (Freud)<o:p></o:p>

    La religion répond à un désir de protection d’où la croyance dans « le règne bienveillant de la providence divine ». L’état de vulnérabilité que connaît l’enfant éveille en lui le désir d’être aimer. D’où la croyance en une force protectrice en réponse à ce désir.<o:p></o:p>

    La religion est la névrose obsessionnelle de l’humanité qui dérive du complexe d’Œdipe et du rapport de l’enfant au père.<o:p></o:p>

    Comme toutes névrose elle est faite de la répétition d’actes, de parole, et l’Homme a recourt à des images pour apaiser son angoisse.<o:p></o:p>

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    Mais la religion même si elle n’est qu’une illusion n’aide-t-elle pas l’Homme à mieux vivre n’est elle pas la promesse d’un bonheur infini.<o:p></o:p>

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    III)      L’approche subjective du sentiment religieux<o:p></o:p>

    A) Dieu parle au cœur (Pascal)<o:p></o:p>

    Pascal affirme « misère de l’Homme sans Dieu, félicité de l’Homme avec Dieu » c’est par la foi c’est-à-dire la révélation immédiate de Dieu obtenue par le cœur que l’Homme accède à la plénitude de son existence.<o:p></o:p>

    Pascal entend emporter l’adhésion d’un athée par une forme de calcul de probabilité au service de la foi ne pouvant trancher sur l’existence de Dieu, il faut choisir soit parier pour ou contre l’existence de Dieu soit s’abstenir mais l’abstention est intenable d’un point de vue moral : car nous sommes embarqués car le tragique de l’existence nous oblige à parier. On a infiniment plus d’avantages à parier pour que contre :<o:p></o:p>

    - puisqu’on a autant de chance de gagner que de perdre<o:p></o:p>

    - puisque tout jeu hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude, et néanmoins il hasarde certainement le fini (un enjeu limité) pour gagner incertainement l’infini, sans pêcher contre la raison.<o:p></o:p>

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    Alors il serai imprudent de ne pas parier pour l’infini, on a donc « rien à perdre, tout à gagner » en pariant pour l’existence de Dieu.<o:p></o:p>

    La conversion de l’Homme à Dieu est la condition de son salut. De plus le postulat de l’existence de Dieu peut être considéré comme le moteur de l’action vertueuse.<o:p></o:p>

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    B) Dieu comme postulat de la raison pratique (Kant)<o:p></o:p>

    La liberté, l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu constitue trois idées métaphysiques ou postulats.<o:p></o:p>

    Il parle de la religion dans les limites de la simple raison en indiquant que la foi peut raisonnablement espérer que quelque chose de bon résultera de la bonne conduite de l’Homme.<o:p></o:p>

    Tant que l’Homme a un penchant faible méchant, il peut néanmoins trouver son humanité dans la vertu.<o:p></o:p>

    Le christ représente le bon principe qui incarne la vertu sublime d’obéissance à la loi et à la mort.<o:p></o:p>

    L’imitation de la moralité du christ permet un progrès infini pour l’Homme. La raison exige que la conversion de l’Homme soit organiser en une Église rationnelle exprimant le désir du royaume de Dieu dans une prière publique. <o:p></o:p>

    On peut distinguer le domaine de la foi, de la croyance du domaine de la science. La foi a une connotation religieuse, elle est subjective mais trouve sa légitimité dans le domaine pratique tandis que la croyance est une opinion subjective relative.<o:p></o:p>

    Par opposition la science est légitime d’un point de vue théorique. La science « est une croyance suffisante aussi bien subjectivement qu’objectivement ».<o:p></o:p>

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    Cependant en voulant rationnaliser la religion ne manque-t-on pas l’essence de la religion. La religion ne relève-t-elle pas plus de l’intuition que de l’intelligence abstraite.<o:p></o:p>

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    C)  La nouvelle alliance : l’intuition et l’intelligence (Bergson)<o:p></o:p>

    Les phénomènes humains relève de l’intuition tandis que les lois de la matière sont dégagées de l’intelligence qui opère dans les sciences pour l’analyse et la synthèse.<o:p></o:p>

    « Nous expliquons la nature et nous comprenons la vie psychique » (Dilthey)<o:p></o:p>

    Pour Bergson l’expérience mystique est subjective, elle est du domaine de l’intuition métaphysique or cette expérience mystique ne peut se transmettre, s’expliquer et est de l’ordre de l’inéfatale.<o:p></o:p>

    Il distingue deux types d’expérience religieuse :<o:p></o:p>

    - la religion statique qui désigne l’ensemble des religions primitives et plus largement l’institution religieuse fermée ayant une fonction essentiellement sociale.<o:p></o:p>

    « L’Homo sapiens seul être doué de raison est le seule aussi qui puisse suspendre son existence à des choses déraisonnables.<o:p></o:p>

    La religion statique fournit une assurance contre la dépression et engendre des mythes de survie mais elle maintient la stagnation.<o:p></o:p>

    - la religion dynamique qui coïncide avec l’effort créateur de la vie avec le mysticisme chrétien qui se concrétise dans l’action. Ce sont les héros de la vie morale.<o:p></o:p>

    Ils sont animés par le feu divin, le feu sacré ; ils peuvent aider l’Homme à s’améliorer. Cette émotion « se propage d’âme en âme ».<o:p></o:p>

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    Cette religion permet de se transcender.<o:p></o:p>

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    IV)      Conclusion<o:p></o:p>

    Malgré le « désenchantement du monde » annoncé par Max Weber, on peut néanmoins évoquer au 21° siècle un retour du religieux. Certes l’Homme peut se détourner des textes sacrés pour saisir le monde à travers un langage logique, mais il demeure en lui un besoin métaphysique. La religion peut apporter une réponse à ce besoin.<o:p></o:p>

    Ainsi la religion renvoie avant tout à l’expérience vécue intransmissible. Elle concerne l’individu dans son être total dans son cœur et sa raison. La religion est un droit et ne peut s’imposer par la force d’où la laïcité qui est le plus précieux héritage des lumières.<o:p></o:p>

    Comme le soutient Frédéric Lenoir « quelque soit nos croyances l’important n’est-il pas de cultiver et de promouvoir ses valeurs universelles qui nous unissent et dont déprend l’avenir de toute l’humanité, la justice, la liberté, l’amour ? »<o:p></o:p>


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