• Séquence 4 : La technique : pouvoir de l?Homme

    Séquence 4 :<o:p></o:p>

    La technique : pouvoir de l’Homme<o:p></o:p>

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    On peut définir l’Homme comme « homo faber » (homme qui fabrique des outils) en ce sens la technique apparaît comme la médiation privilégié entre l’Homme et la nature. En effet l’Homme, fabriquant d’outils obtient par ce biais un moyen de lutter contre son environnement, auquel il parvient à arracher sa substance.

    Mais la technique est-elle une médiation qui libère l’Homme et qui contribue à son bonheur ou au contraire qui l’emprisonne, l’aliène et qui le rend malheureux.

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    I)            Technique et nature<o:p></o:p>

    Il n’y a pas de technique sans nature car l’activité technique se fonde sur une compréhension de la nature et de ses lois.

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    1)  L’outil et la machine<o:p></o:p>

    Bergson a montré que l’Homme est à la fois Homo faber et Homo sapiens. Il a montré que l’Homme avant de penser de façon abstraite aurait développé une intelligence pratique concrète en fabriquant des outils pour agir sur le monde.

    Bergson distingue l’instinct de l’intelligence dans la mesure où l’instinct est un comportement biologique inné propre aux animaux, tandis que l’intelligence caractérise l’Homme seulement comme capacité à fabriquer des objets artificiels.

    Pour Leroi-Gourhan l’invention et la fabrication de l’outil met en jeu des opérations intellectuels, un langage « le langage est aussi caractéristique de l’Homme que l’outils […] ils ne sont que l’expression de la même propriété de l’Homme […] outil et langage sont liés neurologiquement […] la main libère la parole. »

    Déjà Aristote définissait l’Homme comme un animal rationnel et un animal technicien. Aristote a fait l’éloge de la main en tant qu’organe polyvalent.

    Hegel montrera que « l’outil est la Ruse et la Raison pour laquelle la nature est tournée contre la nature » l’outil est une médiation de la raison, c’est un instrument permettant l’action sur la matière, il sollicite la raison. La raison se sert de l’outil de façon médiate.

    Avec la technique il développe le pour soi.

    On peut définir la technique au sens large comme un savoir comme une capacité intellectuelle à concevoir et une faculté de mettre en œuvre ce qui a été conçu.

    Aristote dit que la technique (techné en grec) c’est l’artisan, l’artiste, c’est « une certaine disposition » accompagné de règles vraies capable de produire (poiesis en grec). La technique désigne un savoir-faire traditionnel reposant sur une connaissance théorique (théoria en grec) permettant d’obtenir à volonté un résultat donné. Ce savoir-faire peut reposer sur une expérience, peut codifier et se transmettre par imitation et apprentissage. De plus ce savoir-faire peut sur une codification explicite décrivant les procédures à suivre. Enfin ce savoir-faire peut-être rattaché à la connaissance scientifique des objets concernés et être organisé dans une structure économique d’où le problème du machinisme. La machine (machina/méchané) est un ensemble de pièces organisés pour produire une fonction transformatrice dans la matière. La machine est plus autonome que l’outil elle permet la spécialisation des fonctions qui permet d’accroitre la productivité, le rendement (le taylorisme/le fordisme).

    Si la nature qui ne fait rien en vain (Aristote) elle a donné à l’Homme des mains et une intelligence pour s’adapter à son environnement en créant l’outil et la machine, on peut se demander si cette adaptation est toujours réussie.

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    2)  La maitrise de la nature et ses limites<o:p></o:p>

    Pour Descartes, la technique se présente comme une domination possible de la nature (cf. Discours de la méthode). Descartes distingue deux sortes de philosophies :

    - la philosophie pratique comme les sciences concrètes

    - la philosophie spéculative

    C’est la philosophie appliquée / pratique qui peut maitriser la nature par la force et l’action du feu, de l’air, de l’eau, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environne.

    Galilée déjà avait montré l’importance de la physique et des maths pour déchiffrer « le grand livre de la nature » (inscrit en langage mathématique)

    Aristote considère l’univers divisé en deux :

    - le sublunaire (qui est en devenir)

    - le supra lunaire (qui est immuable)

    Avec la révolution de l’héliocentrisme les mathématiques ne sont plus cantonnées au seul domaine de l’astronomie et s’applique à tous les domaines réels de la nature.

    Dans ce contexte scientifique le pouvoir de l’Homme sur la nature semble se sacraliser.

    Comme le montrera Heidegger l’Homme à force de vouloir se rendre « comme maître et possesseur de la nature » a oublié la fragilité de la nature en la réduisant à un stock d’énergie. « Qu’est-ce que la technique moderne ? Elle est aussi un dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrer l’énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulé »

    D’où la tentation de diaboliser la technique en considérant que la machine peut transformer l’Homme en esclave de sa propre création.

    Il existe véritable aliénation de l’Homme à la technique (Charlie Chaplin).

    Faut-il pour autant rejeter la technique en tant que telle ? Ne faut-il pas plutôt la concevoir comme un moyen non comme une fin en soi : quel est alors le sens accorder au travail ?

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    II)         La valeur du travail<o:p></o:p>

    1)  Le travail comme malédiction<o:p></o:p>

    Le travail vient du latin tripaliaire qui signifie torturer avec le tripalium. On retrouve ce terme dans la bible et la mythologie.

    De nombreux mythes font état d’un âge d’or d’où lequel un travail n’existait pas encore. Comme l’a montré Hésiode, la nature fournissait directement à l’Homme ce dont il avait besoin mais suite à la faute de Prométhée et au courroux de Zeus le mythe de l’âge d’or prend fin et le travail devient laborieux.

    Dans la genèse, Adam et Ève vivent dans le jardin d’Éden mais après leurs péchés ils sont condamnés au malheur du travail par leur créateur.

    À Adam Dieu dit « le sol sera maudit à cause de toi. C’est dans la peine que tu t’en nourriras tous les jours de ta vie. »

    Dans une perspective philosophique et anthropologique on peut analyser le travail comme une nécessité imposé par des phénomènes naturels contingents.

    Dans l’état de nature imaginée par Rousseau, l’Homme sauvage peut rester oisif car il vit au milieu de forêts immense sur une terre abondante à sa fertilité naturelle.

    Épicure nomme ces besoins : naturels et nécessaires.

    Rousseau complète son tableau de la condition de l’Homme sauvage : « je le vois se rassasiant sous un chêne, se désaltérant au premier ruisseau, trouvant son lit au pied du même arbre qui lui a fourni son repas et voilà ses besoins satisfaits. »

    En raison de phénomènes climatiques et de pénuries des ressources, l’Homme va être contraint de développer des techniques pour survivre (métallurgie, agriculture).

    Le travail permet de se réaliser en tant qu’être pensant et de développé se propre nature (sa propre conscience).

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    2)  Le travail comme réalisation de l’humanité (Kant)<o:p></o:p>

    Kant considère le travail comme une activité providentielle car elle permet de développer ses facultés et de parvenir à « l’estime raisonnable de soi » (fierté) c’est pourquoi l’homme s’élève « à la perfection intérieure de ses pensées et (dans la mesure où c’est chose possible sur Terre) par là jusqu’à la félicité »

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    À la suite de Kant, Hegel considère également le travail comme formateur pour l’Homme, il permet de développer la conscience (le pour soi) et d’actualiser son essence.

    Hegel distingue la conscience du maitre de la conscience de l’esclave. Le maitre tire profit du travail par la consommation des produits du travail de l’esclave.

    La conscience esclave conquiert une conscience de soi libre en transformant la nature. En reconnaissant l’œuvre qu’elle a produite ses propres pouvoirs de sa maitrise.

    Dans ce travail l’esclave est reconnu comme personne morale. Disciple de Hegel, Marx analyse également le travail comme le processus par lequel l’Homme « en même temps qu’il agit sur la nature extérieure et la modifie, modifie sa propre nature et développe les facultés qui y sommeille »

    Mais certaine forme historique du travail font que l’homme se détruit là où il devrait se réaliser.

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    3)  L’Homme aliéné et producteur<o:p></o:p>

    L’aliénation au sens philosophique et économique décrit la situation de dépendance et d’asservissement de travailleur qui n’a à vendre que sa force de travail comme une marchandise quelconque.

    Lorsque l’acte productif, l’objet produit et tous les moyens mis en œuvre sont définis par un autre que le travailleur, celui-ci devient étranger au travail et à lui-même. Le travail n’est qu’un moyen pour survivre (champ lexical du divertissement) l’Homme en vient à fuir le travail qui n’est plus gratifiant.

    Déjà dans les manuscrits de 1844 Marx affirmait : « le travail aliéné, le travail dans lequel l’Homme se dépossède est sacrifice de soi, mortification. » En ce sens le travail s’oppose aux loisirs chez Aristote c’est l’école mais aujourd’hui cela a changé. Au sens moderne et contemporain cela désigne le temps étranger aux occupations contraignantes, fastidieuses dont on peut disposer librement pour se divertir ou pour développer sa personnalité.

    Le sociologue Jean Baudrillard parle d’un « loisir aliéné » au sens des loisirs durant la porion de temps qui échappe au travail « l’apparent dédoublement entre temps de travail et temps de loisir est un mythe […] le temps libre, c’est d’abord la liberté de perdre son temps […] le temps de la consommation est celui de la production »

    Mais le travail qui cesse d’être aliéné peut développer l’Homme on peut prendre conscience des difficultés d’une telle réalisation si comme l’écrit Marx « En fait, le royaume de la liberté commence seulement où l’on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposées de l’extérieur ; il se situe donc par nature, au-delà de la sphère de production proprement dite »

    Ainsi la transformation de la nature par le travail pourrait être dépassé par la création (artistique / source de création). Les philosophes grecs appelaient ce travail épanouissant « ergon » qu’ils opposaient à « ponos » ou dur labeur.

    Nietzsche critique également le travail inauthentique sans plaisir « dur labeur du matin au soir [qui] tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du gout de l’indépendance »

    Il oppose à ce travail le travail authentique qui est source de joie et de création.

    Selon Freud : « si l’est librement choisi ; tout métier devient source de joie particulière […] permet de tirer profit sous leur forme sublimé de penchant affectif et d’instinct »<o:p></o:p>

    La sublimation (du latin sublimatio) c’est une élévation, un déplacement d’énergie affective de la libido des buts à grande valeur sociale.

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    De plus le ça est gouverné par le principe du plaisir mais dans un métier contraignant il peut être étouffé par le principe de réalité associé au moi

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    Par suite comment faire de la technique en général et du travail en particulier un instrument de libération et de progrès moral pour l’Homme

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    III)      Le progrès technique en question<o:p></o:p>

    1)  La nervosité d’un supplément d’âme<o:p></o:p>

     Pour Bergson le progrès frénétique de la technique et de la science a permis une matérialité croissante une extension du corps par la création de l’outil et de la machine mais les valeurs spirituelles n’ont pas été développé donc il manque à la mécanique une mystique, une forme d’intuition métaphysique permettant de transcender la matérialité.

    C’est pourquoi il affirme que « le corps agrandit, attend un supplément d’âme car l’âme est demeurait atrophié dans le développement de l’organisme »<o:p></o:p>

     

    2)  La prudence allié du « bien-agir »<o:p></o:p>

    Aristote nous invitait à faire preuve de prudence dans l’action en agissant de façon vertueuse.

    « La vertu est une disposition acquise, volontaire, consistant par rapport à nous, dans la mesure, définie par la raison conformément à la conduite d’un tout réfléchi »

    La vertu est rationnelle dans son principe : c’est l’Homme dotée de sagesse pratique capable de discerné en toute circonstances en la solution la plus juste. Il définit la prudence comme « une disposition, accompagnée de règles vraies capables d’agir dans la sphère de ce qui est bon ou mauvais pour un être humain »<o:p></o:p>

    Ne faudrait-il pas aussi considérer la nature de façon urgente comme un sujet de droit envers laquelle nous avions des devoirs.

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    3)  L’agir technologique responsable<o:p></o:p>

    Jonas a suivi l’influence de Kant. Kant avait défini un impératif catégorique à valeur inconditionnel universel « agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle »

    C’est le principe qui gouverne l’action éthique. Or Jonas considère que cet impératif catégorique est trop formel ou abstrait pour désigner le comportement adapté à notre civilisation technologique.

    Jonas formule un nouveau principe éthique qui doit gouverner l’agir responsable « que l’Humanité soit »

    Il précise d’autres impératifs « agis de façon que les effets soit compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre »

    « Agis de façon que les effets de ton action ne soit pas destructeurs pour la possibilité future d’une telle vie »<o:p></o:p>

    « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir »

    Il désire le modèle de la responsabilité contemporaine en s’appuyant dans deux exemples :

    - la responsabilité parentale : elle est unilatéral avec un devoir d’instruction, d’éducation, de prise en charge jusqu’à autonomie de l’enfant

    - la responsabilité de l’Homme d’état : il doit agir en s’efforçant de préserver le bien commun et l’identité de la nation. Dans le temps son action a pour objet « l’avenir anonyme » qui s’étend jusqu’à des descendants très éloignés de nous.

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    Pour le philosophe Michel Serres le nature a droit au respect au même titre que l’Homme et elle constitue à ce titre un sujet de droit.

    Il redéfinit la notion de nature : ce n’est plus un simple objet d’exploitation ni un ensemble de loi. La nature désigne aujourd’hui la planète Terre.

    « La nature aujourd’hui se définit par un ensemble de relation dont le réseau unifie la Terre entière »

    La nature est un système où tout est en interaction comme le montre les phénomènes naturels.

    Le contrat naturel a une signification éthique et juridique qui oblige l’Homme à agir de façon citoyenne.

    « Nous devons décider la paix entre nous pour sauvegarder le monde et la paix avec le monde afin de nous sauvegarder »

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    IV)      Conclusion<o:p></o:p>

    Le développement exponentiel de la technique sollicite l’agir responsable de l’Homme mais aussi le respect d’autrui de la nature et de la vie « être responsable c’est être capable d’assumer son agir et d’assumer ses erreurs »

    C’est à cette seule condition que le progrès technique peut contribuer au bonheur de l’Homme.

    Maintenant la technique n’est plus qu’un instrument neutre mais elle constitue un mode de pensée spécifique « qui fait primer la pensée calculante » sur la pensée méditante et désintéressée.

     


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